L’IA vous efface. Vous l’avez remarqué ?
Vous créez plus vite qu’avant. Beaucoup plus vite. Une présentation en trois clics, un texte cohérent en quelques secondes, une vidéo professionnelle pendant que vous prenez votre café. C’est magique, non ? Sauf qu’il y a un problème.
Dans cette course à la productivité, dans cette ivresse de créer toujours plus, toujours plus vite, vous êtes en train de disparaître. Vos idées, votre réflexion, votre voix – tout s’efface petit à petit derrière des productions léchées qui ne viennent pas vraiment de vous. Et le pire ? On applaudit, on s’émerveille, on veut encore plus d’outils, encore plus de rapidité. Mais personne ne demande : au fait, où êtes-vous passé dans tout ça ?
J’essaie de lire un research paper par semaine autour de l’IA. Et j’avoue, c’est très compliqué, déjà pour trouver le temps de me poser et lire tranquillement, mais aussi parce que c’est tout simplement trop complexe pour moi et je ne comprends pas tout. Mais j’essaie.
Depuis l’arrivée de l’IA générative, il est très tentant de tout balancer dans ChatGPT pour qu’il fasse un résumé, prépare une synthèse ou un texte cohérent. Et oui, ça aide énormément à avancer dans la compréhension de certaines choses, mais malheureusement les IA génératives hallucinent, ajoutent parfois des conclusions auxquelles les auteurs des études ne sont jamais arrivés, ou des chiffres qui ne correspondent pas. Quand on les confronte, ils s’excusent bien évidemment et continuent à halluciner. Je n’ai donc pas le choix, il faut lire moi-même.
Depuis quelque temps, j’utilise Google NotebookLM pour m’aider à creuser des sujets un peu complexes. Je suis vraiment fan de cet outil, qui hallucine aussi mais pas autant que ChatGPT et les autres.
(D’ailleurs, si vous ne voulez pas lire ce texte, Google Notebook LM l’a transformé en vidéo.)
L’expérience qui m’a fait réfléchir
Ce week-end, je me suis amusée à tester une nouvelle fonctionnalité que je n’ai pas encore étudiée : la création d’infographies et de vidéos. J’ai pris quelques billets de blog que j’ai écrits dans le passé et les ai transformés en vidéo. Un article sur l’apprentissage automatique, un autre sur mes réflexions personnelles autour de l’IA – des textes que j’avais mis du temps à écrire, où j’avais pesé chaque mot.
J’ai été bluffée ! C’est impressionnant ! Je ne m’attendais pas du tout à un tel résultat. Des vidéos de très bonne qualité, qui respectent plutôt pas mal le texte d’origine – et surtout la voix, je l’ai trouvée très bien faite, naturelle. On aurait dit une vraie présentation professionnelle, avec des transitions fluides, une narration assurée. En quelques minutes, l’outil avait créé ce qui m’aurait pris des heures, voire des jours, à produire.
La forme avant le fond
Ça m’a fait réfléchir. Je me rends compte qu’on se laisse souvent hypnotiser par l’emballage au détriment du contenu, par la performance plutôt que par la substance. Si la forme est impressionnante, si elle séduit, surprend, bouleverse, on ne creuse plus, on est attiré. Si une personne sait très bien parler en public, sait bien se tenir en scène, gérer sa voix, ses gestes, parler avec conviction et assurance, on lui fait confiance la plupart du temps. On se dit : cette personne a l’air de maîtriser son sujet, c’est un vrai expert.
Mes belles présentations vides
Je me souviens à l’époque, quand je travaillais dans différentes entreprises, j’étais souvent amenée à faire des présentations. Je pense que je le faisais plutôt bien selon les retours des autres. Mais je remarquais aussi que la qualité de mes présentations dépendait largement de ma capacité à tenir une posture assurée et d’avoir des slides bien organisés et jolis. Il était primordial de préparer une jolie présentation, de maintenir le contact visuel avec le public, de parler lentement, avec assurance et conviction. Si tous ces éléments étaient réunis, c’était une réussite.
Mais en même temps, parfois je présentais des choses, des projets ou des offres auxquels je ne croyais pas, qui n’allaient pas tenir, qu’on allait tuer au bout de quelques mois. Et le pire, c’est que je le savais ! Mais comme c’était mon travail de le présenter avec enthousiasme et beaucoup de joie, je le faisais. Et je le faisais bien.
Et pendant ce type de présentation, j’attendais que quelqu’un me pose une question critique, une question déroutante pour me sortir de ce malaise de parler faux mais beau. J’attendais cette personne dans la salle qui allait lever la main et dire “Attendez, ça n’a aucun sens” ou “Les chiffres ne tiennent pas debout”. J’espérais presque cette interruption, ce moment de vérité qui me libérerait de cette comédie bien rodée. Dans ma tête je me disais : sortez-moi de cette misère ! Posez-moi UNE question critique !
Mais non, personne ne me demandait rien de critique. Mes slides ont toujours été bien faits, ça faisait le travail. L’apparence avait étouffé le questionnement.
Le même piège avec l’IA générative
Et donc, pour revenir à l’IA générative, je constate la même situation. On peut créer des textes cohérents en quelques secondes, des présentations bluffantes à partir d’une simple phrase, des vidéos à partir d’études qu’on ne comprend même pas. Et c’est vraiment impressionnant.
Quand je montre les outils d’IA générative en formation, surtout des outils comme Gamma, par exemple, qui permettent de créer une présentation en quelques secondes, et pas que le côté visuel mais aussi le contenu – je vois à quel point les gens sont impressionnés. Leurs yeux s’illuminent. Ils veulent tout de suite appliquer ça à leur métier. “Je vais pouvoir gagner tellement de temps !” “C’est exactement ce qu’il me faut !”
Et ça me rend un peu triste. Parce que si toutes les idées viennent des IA génératives, il n’y aura pas de fond. Vous allez créer un joli produit, très vite, rapidement, avec de jolies couleurs et transitions, mais il n’y aura pas d’idées originales derrière. Vos idées ne sont pas là. Vous vous auto-effacez pour pouvoir créer un truc joli très rapidement.
Comment ne pas s’effacer ?
Alors concrètement, comment faire ? Comment utiliser ces outils sans disparaître derrière eux ?
Pour moi, ça passe par quelques principes simples :
- Je commence toujours par réfléchir seule, avant d’ouvrir l’outil. Qu’est-ce que je veux vraiment dire ? Quelle est mon idée ?
- J’utilise l’IA comme un assistant, pas comme un remplaçant. Elle peut m’aider à structurer, à reformuler, mais le fond doit venir de moi.
- Je vérifie systématiquement ce qu’elle produit. Je confronte, je questionne, je modifie.
- Et surtout, je garde ce temps de lecture, ce temps de réflexion lente qui permet de vraiment comprendre les choses en profondeur.
Rester présent
Les IA génératives impressionnent – oui. On peut faire plein de choses hyper rapidement – oui. On peut se débarrasser de plein de tâches chronophages – oui. Mais ne vous effacez pas dans tout ça.
Restez pleinement ancré dans cette création. Soyez la personne dans la salle qui sera capable de voir au-delà des jolies slides et des phrases cohérentes. Gardez cette qualité rare d’être impressionné tout en conservant votre capacité à réfléchir par vous-même. Soyez cette voix qui pose la question critique que tout le monde attend sans oser la formuler.
Plus que jamais, il nous faut résister au bruit incessant de la technologie, renforcer notre esprit critique pour voir à travers ces jolies images et grandes promesses qui parfois ne sont que des jolies images et de grandes promesses.
Parce qu’au final, ce qui compte vraiment, ce n’est pas la beauté de la présentation. C’est ce qu’il y a dedans. Et ça, aucune IA ne peut le créer à votre place.
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