Trouver sa place dans le monde de l’IA

Il y a quelque temps, quelqu’un m’a contacté pour me demander conseil.
C’est une personne brillante, avec plus de vingt ans d’expérience dans le domaine de l’énergie et des infrastructures. Il m’a expliqué qu’il se sentait un peu perdu.
« Je ne sais pas quelle est ma place dans le monde de l’IA, » m’a-t-il dit.
Sa conclusion était qu’il devait tout recommencer à zéro : apprendre Python, suivre une formation en data science, et peut-être devenir ingénieur junior en informatique.

Et là, je me suis dit : quelle erreur !

Pas parce qu’apprendre est une mauvaise idée — au contraire, c’est toujours salutaire — mais parce que vouloir tout jeter à la poubelle de son expérience passée pour se réinventer totalement à 45 ans, c’est absurde.
L’IA n’est pas un nouveau continent où il faut repartir de zéro pour exister. C’est un nouveau langage qu’il faut apprendre à parler avec ses propres mots, avec ce qu’on est déjà.

L’IA, cette chimère qui rend tout le monde un peu perdu

Depuis quelque temps, je reçois de plus en plus de messages comme celui-là.
Des gens qui me disent :

« Je ne sais pas où me positionner avec tout ça. »
« J’ai peur d’être dépassé. »
« Je ne comprends plus ce que veut dire être “dans l’IA”. »

Beaucoup perçoivent l’intelligence artificielle comme une hydre à mille têtes : tantôt technique, tantôt artistique, tantôt philosophique.
Et c’est vrai, c’est un univers immense.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde.

Le jour où j’ai compris que je m’étais trompé

Je me souviens d’une expérience qui m’a marqué, il y a plusieurs années.
À l’époque, ChatGPT n’existait pas encore, et j’étais tout fier d’avoir terminé la fameuse formation d’Andrew Ng en Machine Learning sur Coursera.
Je me sentais déjà professionnel de l’IA !!

Et puis, un jour, dans un coworking, un homme assis à côté de moi me dit qu’il travaille aussi dans l’IA.
Curieux, je lui demande :
— « Ah, toi aussi tu as fait la formation d’Andrew Ng ? »
Il me répond non. Il travaillait pour le ministère, il était chargé de rédiger une étude sur l’impact sociétal de l’IA dans le monde du travail.

Et là, dans ma tête, je me suis dit :

“Encore un charlatan. Il ne code même pas et il ne sait pas ce qu’est une fonction de backpropagation !”

Des années plus tard, j’ai compris que j’avais tort.
Qu’en réalité, il avait tout autant sa place que moi dans le monde de l’intelligence artificielle.
L’IA, ce n’est pas qu’une affaire de lignes de code. C’est aussi une affaire d’éthique, de changement, de transformation, de stratégie, de pédagogie.

En 2025, qu’est-ce que ça veut dire être “professionnel en IA” ?

Aujourd’hui, le monde de l’IA s’est considérablement élargi.
Être un professionnel de l’IA en 2025, ce n’est plus seulement savoir entraîner des modèles de machine learning.
C’est aussi — et peut-être surtout — savoir les comprendre, les encadrer, les utiliser, les intégrer, ou les expliquer.

Un professionnel de l’IA, c’est :

  • L’ingénieur machine learning qui conçoit des modèles de prédiction complexes, mais aussi le développeur qui intègre des API d’IA dans une application web.
  • L’architecte cloud qui déploie des LLMs sur des infrastructures sécurisées, ou le bidouilleur passionné qui fait tourner ses propres modèles open source en local sur sa machine.
  • Le juriste qui rédige des chartes éthiques, travaille sur la conformité au règlement européen sur l’IA, et questionne la responsabilité algorithmique.
  • L’expert en conduite du changement qui accompagne les équipes dans l’adoption responsable et sereine des outils d’IA.
  • Le chercheur qui explore les fondements de l’intelligence artificielle, mais aussi le philosophe ou sociologue qui interroge ses impacts sur la société.
  • Le marketeur, le formateur, le consultant, le coach, qui utilisent les IA génératives pour créer du contenu, automatiser, accélérer, ou simplement penser différemment.
  • L’artiste numérique qui compose de la musique avec des modèles de diffusion, le designer qui collabore avec Midjourney ou DALL·E pour inventer de nouvelles esthétiques.
  • L’entrepreneur qui construit un business grâce à l’IA, le responsable RH qui l’intègre dans les processus de recrutement, le communicant qui l’utilise pour créer des campagnes plus percutantes.

Bref, en 2025, un professionnel de l’IA, c’est toute personne qui utilise, encadre ou intègre l’intelligence artificielle dans son travail — quelle que soit sa porte d’entrée.

Comment faire carrière dans l’IA ?

À la même époque, l’école 42 m’a proposé d’animer une conférence sur l’IA.
Je me suis dit : « Je ne vais pas venir parler de machine learning à des ingénieurs… »
Alors j’ai eu une idée : faire une conférence sur « Comment faire carrière dans l’IA ». Vous pouvez trouver le replay de la conférence ici.

En préparant ma présentation, je tombe sur une vidéo YouTube… du même nom.
Et devine qui en était l’auteur ?
Andrew Ng, encore lui.

Je regarde sa conférence.
Son message principal : pour faire carrière dans l’IA, il faut lire un article scientifique par semaine.
Je me suis dit : c’est nul.
Pas parce que ce n’est pas vrai, mais parce que ce n’est pas pour tout le monde.

Moi, je ne lis pas d’articles scientifiques en IA. Ce n’est pas mon truc. JE NE SUIS PAS CHERCHEUR EN IA et je ne cherche pas à le devenir.
Et pourtant, je vis de l’IA.
Ma place, je l’ai trouvée : c’est la démocratisation de l’IA.
J’aide les gens à comprendre le machine learning, à utiliser l’IA dans leur quotidien, à “parler IA”.
Et j’aime penser que mes formations sont plus humaines, plus accessibles, plus pratiques qu’un cours en ligne sur les gradients et la régularisation L2.

Alors, suis-je un professionnel de l’IA ?
Oui.
Mais pas au sens d’Andrew Ng.
Et c’est très bien comme ça.

Il n’y a pas un chemin, il y en a autant que de personnes

Pour certains, être professionnel de l’IA signifie se reconvertir totalement.
Pour d’autres, c’est marier leurs compétences actuelles avec ce nouvel univers.

Mon interlocuteur du début, celui de l’énergie, pourrait devenir expert en IA appliquée à l’énergie et à l’infrastructure.
Et là, il aurait trouvé sa voie.
Il ne repartirait pas de zéro : il élargirait son champ d’action.

Parler IA, c’est trouver sa voix

Chez Machine Learning Lab, c’est exactement notre mission :
apprendre aux gens à “parler IA”, pas à devenir ingénieurs du jour au lendemain.

Parce que “parler IA”, c’est comme parler anglais.
Ce n’est pas juste une question de grammaire ou de syntaxe — c’est une question de culture, de compréhension, d’état d’esprit.

Et je crois sincèrement que chacun et chacune a une place dans le monde de l’IA.
Il suffit simplement de la trouver.

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