Penser par soi-même : l’impact de ChatGPT sur notre cerveau

ChatGPT nous rend plus stupides. Ce constat a fait le tour des médias à la suite d’une étude publiée en juin 2025. L’étude explore l’impact de ChatGPT sur notre cerveau à travers une expérience de rédaction accompagnée d’enregistrements cérébraux. En apparence, les résultats sont clairs : moins d’engagement cognitif, moins de mémorisation, moins de créativité. Mais comme souvent, la réalité est plus nuancée.
Ce que montre l’étude sur l’impact de ChatGPT sur notre cerveau
Les chercheurs ont recruté 60 participants, dont 54 ont suivi les trois sessions prévues. Tous étaient âgés de 18 à 39 ans (moyenne : 22,9 ans) et issus de cinq universités de la région de Boston : MIT, Wellesley, Harvard, Tufts et Northeastern. Parmi eux, 35 suivaient un cursus undergraduate, 14 des études supérieures, et 6 étaient déjà professionnels. La diversité de genre a été respectée, avec une majorité de femmes.
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Tous les participants ont rédigé trois essais sur des sujets proposés, lors de trois sessions distinctes. Pendant chacune de ces sessions, leur activité cérébrale était enregistrée à l’aide d’un EEG (électroencéphalogramme), afin de mesurer leur niveau d’engagement cognitif en temps réel. Ces essais étaient réalisés selon la méthode propre à leur groupe :
- Les membres du groupe LLM utilisaient exclusivement ChatGPT pour rédiger leurs textes, sans accès à Internet ou à d’autres applications.
- Les membres du groupe moteur de recherche pouvaient consulter librement Internet, à l’exception des outils d’IA générative. Toutes leurs recherches passaient par Google, avec l’ajout du filtre « -ai » pour éviter les contenus générés.
- Les membres du groupe cerveau seul n’avaient accès à aucun outil numérique : ils devaient s’appuyer uniquement sur leurs propres connaissances.
Après ces trois premières sessions, une quatrième session facultative a été proposée. Seuls 18 participants y ont pris part. Cette session avait un objectif particulier : observer les effets d’un changement de condition. Ainsi, certains membres du groupe LLM devaient cette fois rédiger sans aucun outil, tandis que des membres du groupe « cerveau seul » avaient, pour la première fois, accès à ChatGPT.
Cette inversion permettait de tester l’adaptabilité des participants, mais aussi d’analyser comment une exposition préalable ou absente à l’IA influençait les capacités de production écrite, la perception de la tâche, et l’activité cérébrale. Les entretiens post-sessions ont également révélé des sentiments contrastés selon les profils : certains participants habitués à ChatGPT ont ressenti un désarroi notable lorsqu’ils en ont été privés, tandis que d’autres ont perçu l’outil comme une forme d’assistance apaisante, mais pas toujours stimulante.
Des limites méthodologiques importantes
Malgré ses apports, l’étude comporte plusieurs limites majeures qu’il est essentiel de garder à l’esprit avant de tirer des conclusions générales :
- Un échantillon restreint : seuls 54 participants pour les 3 sessions et 18 pour la quatrième, ce qui limite la portée statistique des résultats.
- Un public très spécifique : jeunes, très éduqués, dans un contexte universitaire d’élite américaine.
- Une tâche unique et brève : écrire un essai de type SAT en 20 minutes ne reflète ni la diversité des tâches cognitives, ni les usages réels de ChatGPT.
- Une mesure ponctuelle : l’étude n’évalue pas les effets sur le long terme, ni la progression ou l’adaptation des utilisateurs.
- Une absence de diversité culturelle et linguistique : tous les participants sont anglophones et issus du même bassin géographique.
- Un format non encore évalué par des pairs : l’étude reste un preprint, donc non validée scientifiquement à ce jour.
Ces éléments montrent combien il est facile de tirer des conclusions rapides, surtout quand les médias amplifient des résultats partiels pour susciter l’émotion.
Pourquoi il est urgent de développer notre esprit critique
L’étude pose moins la question des dangers de ChatGPT que celle de notre posture face à ces outils. L’enjeu n’est pas de diaboliser l’IA, mais de comprendre ses effets cognitifs pour en faire un usage éclairé. La vraie menace ne vient pas de ChatGPT lui-même, mais de notre tendance à externaliser la réflexion sans y prêter attention. Quand nous acceptons des réponses sans questionner leur origine, nous perdons en autonomie intellectuelle.
C’est pourquoi il est aujourd’hui fondamental d’apprendre à Parler IA. Cela ne signifie pas simplement « savoir utiliser un prompt » ou manipuler un outil. Parler IA, c’est développer une compréhension globale de ce qu’est l’intelligence artificielle, de ses limites, de ses biais, et de son fonctionnement. C’est aussi s’entraîner à poser les bonnes questions, à contextualiser les réponses, à identifier quand l’outil amplifie une capacité… ou quand il l’atrophie. En d’autres termes, parler IA, c’est dialoguer avec la machine sans lui abandonner notre jugement.
Conclusion : Parler IA, un acte de résistance contemporaine
À l’ère des intelligences artificielles génératives, où la tentation de déléguer nos raisonnements est forte, Parler IA devient un acte de résistance.
Cela signifie d’abord cultiver un esprit critique face aux réponses « prêtes à penser » générées par l’IA. Cela signifie aussi reconnaître quand un outil comme ChatGPT simplifie notre tâche, et quand il nous empêche de nous approprier ce que nous écrivons ou comprenons.
Parler IA, c’est savoir observer les effets cognitifs de l’outil sur nous-mêmes : suis-je encore attentif ? Est-ce que je retiens ce que je produis ? Ai-je encore le réflexe d’explorer, de questionner, d’imaginer ?
C’est également apprendre à se réapproprier l’acte de penser, même au contact d’outils puissants. Ne pas écrire uniquement pour produire, mais pour comprendre. Ne pas lire uniquement pour consommer, mais pour construire un raisonnement. Ne pas utiliser l’IA pour aller plus vite, mais pour aller plus loin.
En ce sens, Parler IA, c’est refuser l’abandon de notre engagement cognitif. C’est une manière de rester libre, lucide, et actif dans un monde où la passivité devient le plus grand risque.
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